Le Livret A ou la longue histoire d’un placement aimé des Français

D’un côté il y a l’Assurance-vie et de l’autre le Livret A.

Même si l’un et l’autre ont maintenant plus de deux siècles d’existence, tous deux restent encore largement plébiscités par les Français. Pour ce qui est des montants déposés pour le premier avec actuellement pas loin de 2 000 milliards d’euros d’encours, et par le nombre de personnes qui un jour ou l’autre ont eu un Livret A ou, pour les plus anciens, ce que l’on appelait il n’y a pas si longtemps encore un Livret de Caisse d’Épargne.

Une longue histoire qui remonte à Napoléon

Aussi étonnant que ce soit, si le Livret A existe c’est grâce à Napoléon. Pas que l’Empereur en soit lui-même le créateur, ni même que celui-ci ait vu le jour sous son règne, mais plutôt qu’il soit la conséquence des dépenses sans fin engendrées par toutes ces années de guerres dues à l’histoire napoléonienne.

C’est donc dans le but de solder la crise financière léguée par son prédécesseur que le Roi Louis XVIII décida en 1818 de créer un « Livret de placement » ouvert à tous en même temps que ce qui deviendra vite aussi une institution, à savoir la Caisse d’Épargne. Et comme le but de cette dernière était justement de gérer les fonds confiés, on parla vite de Livret de Caisse d’Épargne.

Dans les années qui suivirent, le Livret trouva largement sa place. D’un côté l’État récupérait l’argent des Français qui servait ainsi à son budget, et de l’autre chacun essayait de placer quelques sous afin de parer aux aléas de la vie à une époque où n’existaient ni protection sociale ni même d’épargne pour les plus pauvres. Accessoirement, l’outil servit également avec le temps à convaincre les populations de confier leur argent aux banques et autres organismes financiers. Mais ça c’est une autre histoire…

C’est ainsi que pendant des générations, ce fut comme cela que les familles plaçaient leur argent. Et il n’y a pas si longtemps encore, à la naissance d’un enfant, il n’était pas rare que l’on ouvre à celui-ci un Livret de Caisse d’Épargne en guise de « bienvenue ». C’est d’ailleurs pour cela qu’aujourd’hui on compte encore pas loin de 60 millions de Livret A ouverts auprès de la population française…

Un intérêt pour l’épargnant mais aussi l’État

En tant que compte épargne réglementé et défiscalisé, au capital garanti par l’État, et centralisé auprès de la Caisse des dépôts et consignations, l’argent récupéré a ainsi toujours servi aux finances générales de même qu’à alimenter divers fonds d’intérêt commun tel le financement du logement HLM ou encore des prêts aux Collectivités locales comme par exemple après la pandémie Covid.

C’est d’ailleurs dans cette optique quasiment de « service public » que jusqu’en 2009 la Caisse d’Épargne, la Banque Postale et le Crédit Mutuel étaient les seuls habilités à s’occuper du Livret A. Mais les choses ont changé et, désormais, celui-ci peut être également géré par les établissements bancaires même si la Caisse des dépôts et consignations demeure toujours mandataire et doit détenir au moins 65% des sommes présentes sur le Livret A.

Sans être une « révolution », cette ouverture vers l’extérieur et le monde bancaire s’est néanmoins  retrouvée intégrée dans ce que l’on a appelé – et appelons encore – la Loi de modernisation de l’économie dont le but reste de « stimuler la croissance et l’emploi, en levant les blocages structurels et réglementaires que connaît l’économie de la France ». Logique alors que le plus vieux placement français ait été un peu dépoussiéré pour l’occasion…